D’Auguste Comte à Bachelard … à Apple et Dr Dre

Jean-Philippe Denis, mon professeur mémorable de gestion, sur les racines du Hip-Hop management :

En épistémologie des sciences, on considère la première planète comme celle du positivisme hérité des lumières d’Auguste Comte. La seconde, elle, est celle conçue par le grand philosophe Gaston Bachelard pour lequel « rien n’est donné, tout est construit ».

Sur la planète héritée de Comte, le monde est vu comme régi par des forces implacables, et par des lois déterministes de performance. Comme dans un roman d’Houellebecq, une sorte de sélection naturelle des formes les plus adaptées s’y opère mécaniquement. Il vaut mieux dès lors se soumettre puisque rien ne sert de courir ni même de se battre : après tout, comme le disait Keynes, à long terme on est tous morts. Au risque de la provocation on pourrait ajouter : qu’on se sente ou qu’on ne se sente pas Charlie.

Sur la planète léguée par Bachelard, les habitants raisonnent à l’inverse. Derrière chaque calamité, ils voient une opportunité. Dès lors ils ne perdent jamais puisque, pour filer Nelson Mandela, soit ils gagnent soit ils apprennent. L’avenir est donc toujours ouvert même si tout n’est pas possible. Et pour peu qu’on envisage d’abord la manière de s’embusquer pour mieux l’attendre, il est toujours plein de promesses nouvelles, toujours en devenir.

Les transformations de l’industrie musicale depuis vingt ans illustrent à merveille l’existence de ces deux planètes.

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